Lycée Joubert-Emilien Maillard

Lycée Polyvalent – Ancenis

Pays de la Loire
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P1040470.JPG Rencontre avec Vincent Pouplard, réalisateur de « Pas comme des loups »

Dans le cadre du dispositif «Lycéens et apprentis au cinéma», 6 classes du Lycée Professionnel ont eu l’opportunité d’échanger avec le cinéaste nantais Vincent Pouplard, auteur du documentaire «Pas comme des Loups», projeté quelques semaines plus tôt aux élèves.

Des échanges riches, pleins d’attention et de curiosité.

Devant la difficulté de certains jeunes à comprendre le «but» de ce documentaire, à y voir un «scénario», Vincent Pouplard répond que sa volonté était avant tout de suivre deux jeunes pendant un temps de leur vie, et d’y apporter un autre regard, une vision différente que celle généralement véhiculée dans les Médias.

«Faire du documentaire, c’est respecter les gens»

Pourquoi les filmer, eux ? demande un élève de 1ère

«Je veux parler de liberté et montrer des poètes»

Je suis réalisateur mais je fais aussi des interventions et des animations dans différents milieux. Je n’ai pas fait d’école de cinéma mais une fac de sociologie, je me suis rapproché de l’association « Maquisard » à Nantes pour apprendre différents métiers liés au cinéma.

J’ai participé à des ateliers à la PJJ et j’ai rencontré plein de gens chouettes qui dans la presse sont mal présentés, on les considère comme des …rebelles ce qui m’a donné l’idée d’un film pour contrebalancer l’image sur les délinquants.

Je voulais proposer une rencontre, faire tomber les clichés, parler de leur liberté, leur poésie plus que des «bêtises » qu’ils ont pu commettre. J’ai cette volonté dans mon travail de façon immersive, de placer le spectateur au cœur d’un domaine qu’il ne connait pas. C’était aussi le cas lorsque j’ai réalisé un documentaire sur les plongeurs en apnée libre.

C’était un tournage difficile ?

C’était long plus que difficile puisque le tournage a pris 4 ans. On n’a pas tourné tous les jours bien sûr! Nous avons tourné pendant 15 jours, 2 à 3 jours par mois. Mais j’ ai cotoyé ces jeunes pendant 4 ans, nous sommes devenus amis.

Rien n’était écrit, j’ai parfois fait refaire quelques gestes, c’est tout.

Que sont devenus les jeunes, quel a été leur ressenti ?

Depuis la fin du tournage, Ils ont quitté Nantes, ils vont bien.

Quand je leur ai montré le montage, il y a eu beaucoup d’émotions, ils ont voulu enlever ou rajouter des scènes.

Quand le film est sorti au cinéma, ils ont accompagné sa sortie et fait sa promotion.

Quel a été l’accueil du public ?

Le film a entraîné des discussions, il a pu changer le point de vue des gens sur les délinquants, il est montré dans les écoles d’éducateurs.

Le film a été bien reçu dans la presse, il a obtenu des prix.

Suivent des questions plus techniques : Comment se crée un film ?

Un auteur écrit un scénario, il doit trouver un producteur qui doit trouver des subventions auprès de la CNC , après, un distributeur peut acheter le film pour le diffuser.

Etiez-vous seul sur le tournage ? Comment on trouve un budget ?

C’est un documentaire, l’équipe est très réduite.

J’ai d’abord travaillé seul pendant deux ans, j’ai construit une relation de confiance avec les jeunes, j’ai fait des repérages pour monter un dossier pour trouver un financement puis deux autres personnes sont venues m’assister pour le son et la caméra.

Comment gagnez-vous votre vie?

Je suis rémunéré pendant les tournages, mais après c’est aléatoire,

Nous faisons souvent plusieurs métiers dans le cinéma: moi, je suis cinéaste mais aussi monteur, régisseur, j’organise des castings, je suis assistant réalisateur, je fais aussi des ateliers. J’ai le statut d’intermittent du spectacle. Je dois faire 500h pendant une durée déterminée pour avoir une aide de Pôle emploi.

Je touche 3 centimes d’euros sur le prix de vente d’un ticket de cinéma.

Travaillez-vous sur un autre film?

Oui, je voudrai faire un long métrage, j’écris une fiction sur un mouvement altermondialiste qui a eu lieu en 2001 et qui a été réprimé.

Je suis aussi en montage sur un documentaire qui s’appelle «Impatientes», il parle de trois jeunes filles.

J’ai aussi l’idée d’un film sur Belfast.

Vincent Pouplard souhaite insister sur le respect que l’on doit aux gens que l’on filme et à la responsabilité que l’on a envers eux. Il invite les élèves à se poser la question de ceux qu’ils regardent, prendre de la distance avec l’image, omniprésente dans notre environnement.

Et de conclure: «Le cinéma est une machine à émotions, le cinéaste a les armes pour nous embarquer vers tel ou tel point de vue»